Cet article est un écho de Céline à Quand toutes les barrières tombent qu’il est préférable de lire avant.
Au risque de me répéter… j’ai été une jeune femme qui avait du mal avec tout ce qui était différent : famille différente, culture différente, mœurs différentes, opinions divergentes, couleur de peau différente… bref, tout ce qui me confrontait à ce qui n’était pas « moi » avec ma mentalité, ma vision du monde, ma manière de vivre… toutes ces « différences » me donnaient un sentiment d’insécurité, me faisaient me sentir menacée… de devoir changer, quitter mes zones de confort… Et cela, je ne le voulais pas!
Voilà donc comment je me suis retrouvée face à un surprise de taille un jour de Pentecôte de l’année 1998. Je vous raconte mon histoire…
Nous étions à Paris et j’aimais ça. Notre vie était plutôt agréable : beaucoup de vin et de bons mets avec des gens différents presque toutes les semaines (re : Le blues du businessman)… Bien entendu, nous avions eu cette discussion sublime dans cette boîte de « trans » où nous avions engagé un questionnement sur nos valeurs et notre orientation de vie commune. Et la suite des événements s’inscrit dans cette logique de notre recherche d’engagement chrétien à suivre Jésus d’encore plus proche.
Aussi, quand Louis est venu nous visiter à Paris, je n’y ai rien vu d’autre (en surface) que la rencontre d’un vieil et précieux ami de Jocelyn. J’ai clairement exprimé à Louis que c’était moi qui avait empêché Jocelyn de le contacter, lui exprimant à quel point j’avais été effrayée en 1988, lors de notre première rencontre, de connaître ces gens trop parfaits pour moi et, qui plus est, vivaient auprès de gens vraiment trop différents! J’ai perçu que Louis ne me croyait pas tellement… Et qu’il tenait quand même à ce que nous le visitions dans sa Drôme des Collines. Rendez-vous pris, rendez-vous tenu!
Nous sommes donc arrivés chez Louis et je me suis tout de suite sentie à l’aise. Nous avons eu de bons moments de partage et de rires malgré les nombreuses taquineries de Louis concernant un éventuel engagement pour nous à l’Arche. Je suis allée « bravement » à la fête qu’il y avait à l’Arche pour prouver à Louis que « je n’avais pas peur »… Je me sentais tellement sûre de moi avec mon attitude « NON-l’Arche-ne-m’intéresse-pas-le-moins-du-monde-et-je-ne-risque-rien »!!! Ce temps passé à la fête m’a un peu dérangée quand même : je n’arrivais pas très bien à identifier qui était « handicapé » et qui ne l’était pas et ça me troublait, je l’avoue! Toutes ces personnes qui se précipitaient sur moi pour me « saluer » (de trop près, me semble-t-il!) ou m’embrasser (alors que je ne les connaisssais pas!) me mettaient assez mal à l’aise. Je suis restée bouche bée devant une petite fille trisomique qui se promenait sur le plancher, couchée sur le dos, telle une vadrouille nettoyant le sol avec sa belle robe rouge! OUF! Je n’arrivais pas à comprendre qu’on puisse laisser faire ça (depuis le temps, j’en ai vu d’autres avec François, alors je comprends 😉 ).
C’est pour ça que, lorsque Jocelyn m’a dit le lundi matin « Il y a une personne du comité de sélection qui vient pour nous rencontrer », j’ai vraiment cru à une monumentale farce. Et puis, une voiture arrive dans l’allée; Louis se prépare à partir avec nos garçons à vélo, Eva dresse une petite table dehors avec des chips et du Pepsi et moi… Je ne comprends plus rien! Je ne saisis pas trop pourquoi Louis et Eva nous laissent seuls avec cette personne alors que je suis tellement claire avec le fait que JE NE VEUX PAS de L’Arche dans ma vie! Mais bon, je laisse la femme s’installer et commencer la conversation par une question :
– Qu’est-ce qui vous attire dans l’Arche ? Je pouffe de rire!
– Rien! Mais rien du tout! Je ne suis pas du tout intéressée par l’Arche!
Je me retourne dans tous les sens et dis :
– Où sont les caméras cachées ? C’est une joke!
Marie-Paule, c’est son nom, se met à rire de bon coeur avec nous et poursuit la conversation… Je suis totalement soufflée! Moi, à sa place, je me serais levée et j’aurais dit : « Louis, t’es nul, tu me fais perdre mon temps, ces gens là ne sont pas intéressés! » Mais elle reste et nous pose des questions sur notre couple, notre cheminement, nos aspirations… et nous parlons abondamment de notre parcours de vie, racontant aussi notre soirée dans le minable cabaret…
Tout aussi lentement mais surement que l’iceberg a percuté le Titanic (ben oui, je vous le jure, c’est l’iceberg qui est rentré dans le Titanic!) j’ai senti monter en moi une certitude dans l’Esprit Saint. Je SAVAIS que c’était Lui, parce que ça ne pouvait pas venir de moi: je ne voulais pas! Je SAVAIS que nous serions appelés à venir vivre là. Et j’étais subjuguée… Ma marotte était « jamais dans 100 ans »! Faut croire que les 100 ans étaient déjà passés… Et que j’étais rendue là!
Le reste Jocelyn le raconte. Mais je peux vous dire quant à moi que le retour, tant dans la voiture-bateau de Louis que dans le TGV par la suite a été tellement houleux que j’en ai eu la nausée, pas celle qui donne envie de vomir mais une autre sorte de nausée qui donne envie de fuir!!! Je me rappelle encore très bien les petites secondes de panique qu’on a eues, entre le moment où nous avons été « appelés » et celui où nous sommes arrivés à Hauterives : c’était comme lorsqu’on croit qu’on a laissé une marmite sur le feu et qu’on est à l’épicerie! Des petites secondes de panique où le cœur fait un bond et qu’on se demande : « mais qu’est-ce que j’ai fait là ??? »
La suite par ici : Les lendemains qui déchantent—>
Ping : Les lendemains qui m’émerveillent (écho) | Le Bonheur est dans les oui
Ping : Quand toutes les barrières tombent | Le Bonheur est dans les oui